Ce documentaire est en cours de finalisation, plus exactement à l'étape du montage son. Là où j'en suis, pour vraiment le finir, le projet devrait avoir de l'argent. J'ai pensé que le crowdfunding pourrait être une bonne façon de répondre à ce besoin, tout en impliquant des gens touchés par mon sujet. Si vous l'êtes vous aussi, voici le lien pour participer : https://www.kisskissbankbank.com/j-ai-mal-a-ma-maternite
Le film
Clémence, Elise, Gaëlle, Laetitia et Lauriane me racontent leurs expériences de difficultés maternelles, celles qu'elles ont vécues à la naissance de leur enfant, parfois même durant la grossesse. Elles retracent ce sentiment d'angoisse, comment des choses simples sont devenues impossibles, comment ce savoir « être mère » n'est pas tombé sur elle d'un coup de baguette magique. Les différents récits s'alternent, se complètent, se nuancent.
Je suis restée avec mes protagonistes, sans être allée donner la parole aux « experts », car je voulais rester au cœur de la spécificité du vécu de chacune, sans jugement. Pour ces femmes, partager leurs douleurs de mère est comme semer un caillou sur le chemin de la connaissance des expériences de maternité, et elles le font frontalement, sans voile, dans une grande franchise.
Il est bien temps de confronter la société à cette problématique, et de prendre la mesure des vécus de maternité, pour créer un accueil adéquat de toutes au moment fragile de ce don de vie.
Pourquoi il est important de réaliser un tel projet ?
On parle beaucoup de l’adolescence comme d’un moment de crise, mais on ne nous parle pas (ou trop peu) de la maternité comme d’un autre moment de la vie où peut se produire une mutation identitaire.
C'est-a-dire, un passage de la vie où notre identité est sur le fil, un moment périlleux. Non pas tant sur le plan de la santé -de nos jours, ce n’est plus trop un souci dans nos pays industrialisés ; mais sur le plan psychique. J’ai choisi de faire parler des femmes qui ont vécu ce qui se fait nommer « la dépression post-natale » mais qui me semble figurer un mal-être qui dépasse la notion de dépression et s’apparente bien plus à une crise d'être. Une femme sur huit est déclarée vivre une « dépression post-natale », ce qui est un minimum car, dans ces statistiques, ne sont pas reprises ces nombreuses femmes qui l'expérimentent sans pouvoir mettre de mot sur ce qu'elles vivent. Ce qui est un chiffre énorme, cela signifie qu'entre 10 et 15% des femmes sont touchées ! Et le fossé est d'autant plus important entre la représentation et la réalité, qu'il circule une vision de la mère idéale qui est une mère qui sait tout gérer: la naissance, sa vie professionnelle, sa vie amoureuse (des actrices, et même des femmes politiques qui enfantent, s’affichent sourire aux lèvres, exhibant un bonheur qui semble lisse, sans accroc ; reprenant leur travail comme si de rien n'était). Et surtout, la maternité apparaît toujours comme un accomplissement personnel, avoir un enfant comme le bonheur suprême. Dans ce mouvement de changement de rôle, le passage de la position d’enfant de ses parents à parent de son enfant, affleurent les blessures, les besoins non satisfaits, parallèlement à un changement de corps et à l’acceptation de ce changement. Ce moment-là est bien un temps de bouleversement, d’intenses remaniements psychiques autant dans sa vie personnelle (le rapport au compagnon dans le couple, le rapport à la famille) que dans sa vie sociale (le rapport au travail).
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